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Chronologie des luttes anti-carcérales de 71 à 89

Le mouvement anti-carcéral ne date pas d’hier et ne s’arrêtera pas demain. C’est une composante du mouvement général de lutte pour un autre monde, une résistance à l’oppression. Son expression se développe en un courant d’idées et d’actes qui imprègnent les mœurs et transforment les mentalités. Collective ou individuelle, la lutte clandestine ou légale a pris différentes formes en fonction de la situation, des possibilités, des énergies, du rapport de force, de la prise de conscience et de l’analyse de chacun.
A l’intérieur des camps d’internement, les rapports sont plus exacerbés, la confrontation est souvent plus dure, automutilation, grève de la faim, refus des plateaux-repas, occupation des cours de promenade, prises d’otages, mutineries… La révolte se paie cher. Le suicide est souvent l’ultime évasion.
A l’extérieur, ses formes d’expression et de sensibilation se sont avérées et demeurent multiples. Groupes d’études, de réflexion, spécifiques ou non à la prison, de soutien à des amis ou des camarades incarcérés… Tracts, affiches, bombages, banderoles, revues, émissions radio et actions diverses de propagande par le fait.
L’histoire du mouvement anti-carcéral est à écrire pour plusieurs raisons.
- Parce qu’elle est riche d’enseignements notamment à partir des années soixante-dix où la prison redevient un sujet brûlant (multiplication des révoltes à l’intérieur et à l’extérieur des interventions posant concrètement le problème de l’enfermement) ;
- pour relater les différents combats menés par les individus ou groupes ;
- pour en permettre l’analyse ;
- pour s’interroger et comprendre aussi pourquoi cette idée généreuse d’un « monde sans prisons » n’est exprimée que par une minorité de citoyens. Ne pas nier que souvent nos maladresses, nos sectarismes, les querelles intergroupes n’ont pas contribué à un plus large investissement d’individus dans ce combat et que l’idée se répande dans la population.
Le dossier que nous vous proposons aujourd’hui est composé en deux parties. D’abord une chronologie (effectuée à l’aide de la presse et de revues militantes), certainement incomplète, sur certaines formes d’actions, sans en oublier le message, commises à l’extérieur des prisons de l’année 1971 à 1989. La deuxième partie est sur la production et l’activité d’associations d’individus investies sur le terrain de l’enfermement. Ce dossier a été réalisé par des membres de l’A.C.E. (Association Contre l’Enfermement).